IMLebanon

Après le rebondissement initié par Hariri, la dynamique relancée

Yara ABI AKL

Les propos tenus par le Premier ministre, Saad Hariri, mercredi soir à Aïn el-Tiné, dans lesquels il se prononçait contre la prorogation de la législature, ont semble-t-il donné un nouvel élan aux contacts menés actuellement en quête d’une nouvelle loi électorale, estimait-on hier dans certains milieux politiques.
Le bal des rencontres et des tractations a donc repris de plus belle hier. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, s’est entretenu à Clemenceau avec le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. Étaient présents Ghazi Aridi, député de Beyrouth, le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, et Taymour, fils de Walid Joumblatt. Parallèlement, Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, députés joumblattistes de Aley et de Rachaya respectivement, se sont rendus à Meerab pour un entretien avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
De source autorisée au sein du PSP, on apprend que les discussions ont tout naturellement porté sur la loi électorale. « Lors de la rencontre franche et amicale de Clemenceau, nous avons affirmé notre opposition à toute loi électorale qui accentuerait les divisions des Libanais », souligne-t-on dans les milieux proches du PSP, avant de faire savoir que le parti s’oppose à la formule prévoyant la préqualification sur base confessionnelle soutenue par M. Bassil.
Concernant l’entretien avec M. Geagea, le message porté par la délégation joumblattiste était axé sur l’idée selon laquelle les intérêts des chrétiens ne sauraient être acquis au moyen de la ségrégation confessionnelle.
Quant à Saad Hariri, il a été reçu hier au palais de Baabda par le chef de l’État, Michel Aoun. « Ma position est claire concernant la prorogation de la législature », a souligné M. Hariri à l’issue de l’entretien, faisant savoir par la même occasion que la réforme électorale pourrait figurer à l’ordre du jour de la séance gouvernementale prévue la semaine prochaine.
Commentant les positions du chef du gouvernement, un observateur politique estime que M. Hariri réitérait ainsi son refus catégorique de toute prorogation du mandat de la Chambre. Selon lui, le chef du gouvernement exerce une pression sur les protagonistes pour aller de l’avant dans l’adoption d’une nouvelle loi électorale. Cet observateur souligne que le veto haririen à la prorogation de la législature torpille la séance parlementaire du 15 mai prochain. Lors de cette réunion, rappelons-le, les députés devraient examiner et voter la proposition de loi présentée par Nicolas Fattouche, député de Zahlé, prévoyant la prorogation d’un an du mandat de la Chambre.
On estime de même source qu’à travers ses déclarations, Saad Hariri a mis Nabih Berry, qui a réitéré mercredi sa mise en garde contre « le vide mortel », au pied du mur. Avec le boycottage du courant du Futur, qui s’ajoute à l’absence projetée des FL, des Kataëb et du CPL, la séance du 15 mai ne pourra pas être tenue, explique-t-on.
Mais dans les milieux proches de M. Hariri, on se veut beaucoup plus prudent. Expliquant la position du Premier ministre, Moustapha Allouche, coordinateur de la formation haririenne à Tripoli, souligne à L’OLJ que « la non-tenue d’une séance en l’absence de composantes essentielles est une coutume ». « M. Hariri tente d’aplanir les obstacles entravant encore l’adoption du nouveau code électoral », souligne-t-il. Il reconnaît, toutefois, que plusieurs nœuds empêchent la conclusion d’une entente élargie autour de ce dossier épineux. Pour M. Allouche, il s’agit, notamment, de « la volonté de certains protagonistes de ne pas modifier les règles du jeu politique actuel ». « Il y a aussi ceux qui croient que c’est le bon moment pour obtenir des gains au moyen de l’attachement à des positions bien déterminées », ajoute-t-il.
Si Saad Hariri a ainsi lié toute prorogation de la législature à l’adoption d’un nouveau texte, nombreuses sont les interrogations sur les choix de sa formation en cas d’échec à adopter un nouveau texte. Moustapha Allouche, lui, semble pragmatique. « Il existe une loi toujours en vigueur (le texte de 1960) », dit-il, tout en admettant qu’en vertu de ce texte, sa formation pourrait perdre le tiers de ses députés.

L’optimisme des FL
Du côté de Meerab, les FL se félicitent des récentes déclarations de Saad Hariri, « dans la mesure où l’absence prévue du courant du Futur annulera la séance parlementaire, comme le voulait le tandem CPL-FL », estime un proche de Samir Geagea interrogé par L’OLJ. Selon lui, « c’est le forcing de MM. Aoun et Geagea, doublé de la pression de Saad Hariri, qui aurait tué dans l’œuf toute velléité de proroger la législature ». « À la faveur de cette logique, les protagonistes sont désormais de plus en plus conscients de la nécessité d’adopter une nouvelle formule, ils intensifieront donc leurs contacts multipartites sur ce plan », souligne le cadre FL, assurant que le « compte à rebours pour la mise sur pied du nouveau texte a commencé ».