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Le train de nominations diplomatiques, un « exploit » qui soulève des contestations

Le gouvernement, réuni au palais présidentiel de Baabda, a approuvé hier la nomination de près de 200 diplomates dans les ambassades et les consulats libanais à travers le monde.

Leurs noms seront communiqués par le ministère libanais des Affaires étrangères, sous réserve d’acceptation des pays d’accueil concernés. Mais, selon diverses « indiscrétions », Gaby Issa, le candidat du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a été nommé à Washington. Rami Adwan, membre du cabinet de M. Bassil, a été nommé à Paris et Mira Daher à Rome. Par ailleurs, Chawki Bou Nassar reste à son poste à Moscou, Amal Mdallali est nommée aux Nations unies (New York) et Sahar Baassiri à l’Unesco (Paris). L’ancien ambassadeur du Liban auprès de l’Union européenne, Rami Mortada, lui, est nommé à Londres.

« Ces nominations sont un exploit », a commenté le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil. En revanche, le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, a exprimé son opposition « sur la forme » à ces nominations. Avant le début de la séance, le ministre d’État aux Affaires du Parlement, Ali Kanso, avait déclaré que les noms des diplomates ne lui avaient pas été transmis, constituant une « infraction au règlement intérieur stipulant que les dossiers inscrits à l’ordre du jour soient transmis aux ministres 48 heures avant la séance ».

Par ailleurs, le Conseil des ministres a approuvé la nomination de Hani Chmaïtelli, consul général du Liban à Istanbul, au poste de secrétaire général du ministère des AE, poste qui était vacant depuis plus de six mois. Toujours dans ce ministère, Ghady Khoury a été nommé directeur des affaires politiques et l’ambassadeur Kenj el-Hajal à la direction administrative et financière.

En outre, le général Élias Khoury a été nommé directeur général du statut personnel au sein du ministère de l’Intérieur. M. Khoury succède à Suzanne Khoury Hanna.

Report de l’examen du dossier Abou Zeid

Sur un autre plan, M. Khalil a indiqué que le ministre de l’Agriculture, Ghazi Zeaïter, a demandé de reporter de deux semaines l’examen du dossier de Gloria Abou Zeid, directrice générale des coopératives au sein du ministère de l’Agriculture. En début de séance, le ministre de l’Industrie, Hussein Hajj Hassan, avait estimé que cette question devait être traitée en interne.

Pour rappel, le litige a débuté lorsqu’en février dernier, Mme Abi Zeid avait refusé d’apposer sa signature sur des attestations de création de deux coopératives d’habitation, qu’elle jugeait illégales. M. Zeaïter a alors ignoré le refus de la fonctionnaire, allant même jusqu’à lui interdire, en mars, de remplir ses fonctions.

Budget et grille des salaires

De leur côté, le président Aoun et M. Hariri sont revenus sur l’adoption, la veille, de la grille des salaires pour la fonction publique au Parlement qui a voté en séance plénière plusieurs mesures financières et fiscales destinées à la financer. « Je comprends les réticences qui se sont exprimées au moment du vote de la grille des salaires, mais il s’agit d’un exploit », a déclaré le chef du gouvernement. « Il est temps de lancer le chantier des réformes », a-t-il ajouté.

Il a également affirmé que l’examen du projet de budget 2017 à la commission des Finances s’achèvera dans le courant de la semaine prochaine, ajoutant que ce projet sera examiné et adopté par le Parlement « dans les semaines qui viennent ». Le Parlement doit plancher sur le budget 2017 au cours de sa session extraordinaire, ouverte le 21 juin et qui s’achève le 16 octobre. Le texte est étudié en commission depuis le 15 mai.

« J’aurais préféré que l’on adopte d’abord le budget, et ensuite la grille des salaires pour la fonction publique, afin de déterminer les ressources et les rentrées, puis nos besoins financiers », a de son côté réaffirmé le chef de l’État, Michel Aoun. Le président libanais avait tenu les mêmes propos la veille devant une délégation de journalistes économiques.

Plus tôt dans la journée, le président de la Chambre, Nabih Berry, avait affirmé que la grille des salaires constituait « un gain, non seulement pour les citoyens, mais aussi pour les caisses de l’État ». « Les magnats financiers s’agitent dans la paisible mer libanaise. Cherchez ceux qui aspirent au profit mais refusent d’y contribuer », a-t-il ajouté.

M. Aoun s’est également prononcé pour une augmentation des recettes de l’État afin de ne pas aggraver la dette et les déficits, notamment en appliquant plus fermement la loi contre l’évasion fiscale. Il a également chargé les ministres de l’Éducation, Marwan Hamadé, et des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, d’ouvrir une enquête sur les « associations virtuelles » qui reçoivent des aides financières de l’État.

Réfugiés syriens

Le chef de l’État et le Premier ministre ont également évoqué le dossier sensible des réfugiés syriens installés au Liban.

M. Hariri a indiqué qu’il allait évoquer la question des réfugiés syriens durant son déplacement aux États-Unis, réaffirmant que le retour des réfugiés dans des zones de sécurité doit s’effectuer avec la coopération des Nations unies qui devront déterminer la date de leur retour.

Le Liban accueille plus d’un million de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie, beaucoup vivant dans des camps informels de réfugiés. Une relance du dialogue direct avec le régime de Damas avait été suggérée il y a quelques jours par le Hezbollah et les partis pro-Assad comme passage obligé au retour des déplacés. Cette proposition fait depuis polémique, les parties anti-Assad (dont le Premier ministre) y étant opposées, estimant qu’elle profitait au régime syrien.

De son côté, le président Aoun a indiqué que les aides financières des grandes puissances, dans le cadre du plan d’aide au Liban sur les réfugiés, avaient diminué entre 2016 et 2017, insistant sur l’urgence de trouver des financements sur ce plan.

Par ailleurs, les deux hommes ont dénoncé les dérapages verbaux observés sur les réseaux sociaux au sujet des réfugiés syriens et de l’armée libanaise, rappelant que la troupe protège la stabilité du pays et affronte les terroristes.

Des tensions sont apparues ces dernières semaines au Liban sur le dossier des réfugiés syriens. Mardi, la vidéo du tabassage d’un réfugié syrien par des Libanais avait commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Les assaillants ont finalement été arrêtés mercredi. Et, en début de semaine, deux rassemblements prévus mardi soir, l’un en signe de solidarité avec les réfugiés syriens, l’autre en soutien à l’armée libanaise, avaient été interdits en raison des propos haineux proférés sur internet.