IMLebanon

Un désaccord autour des moukhtars risque d’ébranler la coalition

 

Tilda ABOU RIZK

À moins de cinq jours du premier round des élections municipales, dimanche, à Beyrouth et dans la Békaa, les jeux sont loin d’être faits dans la capitale. Dans une espèce de remake de la fameuse « bataille des moukhtars » de 2010, le Courant patriotique libre risque de se retirer de la liste de coalition dite des Beyrouthins, au sein de laquelle il est représenté par Joseph Traboulsi et Sleiman Jaber (ce dernier représentant également le ministre du Tourisme et député d’Achrafieh, Michel Pharaon) pour cause de désaccord au sujet de la composition des listes de moukhtars à Achrafieh, Rmeil, Saïfi et Médawar.
Le CPL en a été écarté alors même que l’accord avec le chef du courant du Futur, Saad Hariri, portait sur la mise en place de listes consensuelles de moukhtars au sein desquelles les principaux partis politiques dans ces secteurs seraient représentés, explique-t-on dans les milieux du courant aouniste.
Les Forces libanaises, les Kataëb, le Tachnag et Michel Pharaon y sont représentés chacun par deux ou trois candidats, mais pas le CPL, dont le représentant, l’ancien ministre Nicolas Sehnaoui, qui menait les négociations autour des listes électorales, a laissé entendre lundi soir qu’un retrait de la liste des Beyrouthins est envisagé si l’accord en question n’est pas respecté. Le CPL considère qu’il devrait être représenté par au moins cinq candidats dans les listes de moukhtars.
Les négociations de la dernière heure avec les partis chrétiens et M. Pharaon sont menées par le député Ibrahim Kanaan et par Abdo Jaber, le père de Sleiman Jaber, et non plus par M. Sehnaoui à qui le CPL reproche d’avoir en quelque sorte mal géré les pourparlers pour ce qui a trait aux moukhtars. Ce sont leurs résultats qui doivent déterminer la décision du CPL prévue pour aujourd’hui.
Le temps presse, et au cas où le blocage persisterait, le parti du général Aoun finirait par retirer Joseph Traboulsi et soutenir la liste Beyrouth Madinati ou même celle de Charbel Nahas, souligne-t-on dans les milieux aounistes où l’on reconnaît qu’une telle décision correspond davantage aux orientations et aux sympathies de la base du parti. Sa participation à la liste de coalition pour les municipales se justifie par une volonté d’ouverture sur toutes les parties, celle-ci ayant commencé avec le Hezbollah, puis, plusieurs années plus tard, avec les FL, selon les mêmes sources.
Toujours est-il qu’un éventuel retrait aouniste des Beyrouthins importunerait le chef du courant du Futur, engagé à fond dans la bataille électorale sur base du respect de la parité, dans la mesure où il risque de favoriser le panachage et d’augmenter les chances de Beyrouth Madinati, bénéficiant d’une forte sympathie populaire, de percer la liste adverse.
D’aucuns voient cependant dans les menaces aounistes une tentative de faire monter les enchères pour pouvoir obtenir gain de cause dans les pourparlers en cours. Ce qui est sûr, c’est que le CPL n’a pas le temps de former ses propres listes pour les élections de moukhtars. Il laissera à ses partisans la possibilité d’élire les candidats de leur choix, selon les mêmes sources, d’autant que ce sont notamment les considérations familiales et personnelles qui dictent souvent le choix de tel ou de tel autre candidat.