IMLebanon

Réunion productive du gouvernement, grâce au boycottage du CPL et du Hezbollah

 

Le Conseil des ministres suspend ses séances pour donner sa chance aux concertations.

Il n’y avait pas que du mauvais dans la décision des ministres du Courant patriotique libre, du Tachnag et du Hezbollah de boycotter le Conseil des ministres d’hier, pour protester contre la détermination du chef du gouvernement, Tammam Salam, à approuver des décrets urgents à caractère économique et social. L’absence des ministres Mohammad Fneich, Hussein Hajj Hassan, Gebran Bassil, Arthur Nazarian et Rony Araygi a permis à la réunion d’être productive, en ce sens qu’il a été possible de débloquer les fonds nécessaires au paiement des traitements des fonctionnaires et à l’achat de provisions pour l’armée, d’approuver l’émission d’euro-obligations, de charger un bureau d’avocats de représenter le Liban dans le cadre de la procédure d’arbitrage entre l’État et la compagnie Imperial Jet et d’accepter une série de dons.
Avec 18 ministres présents, le quorum était largement assuré. Les contacts menés la veille par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, à l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, avait permis de dégager ce compromis, négatif en apparence – il a été considéré comme une escalade par le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk – mais positif dans le fond puisqu’il a permis au gouvernement d’adopter des décisions qui ne pouvaient plus rester gelées. La séance d’hier a donc permis de parer au plus urgent et c’est tout. Il n’est même pas dit que le gouvernement se réunira de nouveau. Elle a pris fin sans que le chef du gouvernement n’en convoque une autre. Le président de la Chambre, Nabih Berry, avait pris contact avec Tammam Salam, pour lui demander de patienter avant de convoquer un nouveau Conseil des ministres afin de donner leur chance à des concertations politiques.

 

(Lire aussi : Traitements des fonctionnaires et eurobonds passent en Conseil des ministres)
Le gouvernement a donc pu parer au plus urgent, au niveau administratif et financier, mais n’a pas réussi à trouver de solution au dossier pratiquement explosif des déchets ménagers, un dossier dont l’examen a pratiquement accaparé presque toute la réunion. Deux heures et demie durant, les ministres présents ont tenté de trouver les meilleures solutions possibles, procédant davantage par tâtonnement que suivant un plan bien précis. Les ministres Kataëb ont présenté un document dans lequel ils ont réclamé une révision des cahiers des charges sur base desquels les appels d’offres avaient été lancés et souligné le droit des municipalités à gérer les déchets, menaçant de se retirer à leur tour de la séance si le gouvernement ne parvenait pas à dégager une solution. Il a été ainsi décidé de revoir les cahiers des charges et de débloquer les fonds dus aux municipalités, que ce soit du Fonds autonome des municipalités ou des revenus des communications cellulaires. Le ministre des Télécoms, Boutros Harb, favorable à cette option, a promis de préparer les décrets nécessaires pour verser aux municipalités la part qui leur revient des recettes du secteur de la téléphonie mobile.
Le problème des décharges à localiser a été longuement débattu. Nouhad Machnouk a demandé aux ministres Kataëb d’aider à trouver un emplacement pour une décharge au Mont-Liban, en les informant qu’il poursuit ses négociations sur le même sujet avec les forces actives du Akkar.

 

(Lire aussi : Aoun chez Raï : le début d’une détente ?)
Le gouvernement a examiné l’étude présentée par la compagnie Rainbow pour la mise en place du système Waste to energy et décidé de lancer un appel d’offres à ce sujet. Entre-temps, le ministre de l’Intérieur a été chargé d’établir une liste des municipalités qui désirent gérer elles-mêmes leurs déchets, en dépit des réserves exprimées par le ministre de l’Environnement, Mohammad Machnouk, qui a rappelé l’échec de certaines municipalités à assumer leurs responsabilités à ce niveau et la prolifération des dépotoirs sauvages. La réunion a donc pris fin sans une solution réelle à un problème qui dure depuis quarante jours. Le Conseil des ministres en a profité pour passer en revue le mouvement de contestation populaire qui s’était exacerbé le week-end dernier et qui reprend demain samedi. Il a insisté sur le respect du droit d’expression et de manifestation et a chargé les ministères de l’Intérieur et de la Défense de coordonner étroitement afin de préserver cette liberté tout en contrôlant la sécurité et en protégeant les propriétés privées et publiques.
À l’issue de la réunion, plusieurs ministres ont insisté sur le fait que les résolutions adoptées n’avaient rien de provocateur et exprimé un certain regret par rapport à l’absence de leurs collègues. Cette absence avait été relevée durant la réunion par Tammam Salam qui, après avoir réaffirmé l’urgence d’une élection d’un président de la République et mis en relief le préjudice que la vacance à la tête de l’État porte au pays, a exprimé le souhait que les contacts se poursuivent entre toutes les parties pour un retour de tous aux Conseils des ministres.