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Conseil des ministres : une semaine placée sous le signe des tractations et de la surenchère

 

Lélia Mezher

La trêve politique imposée de facto par la fête du Fitr touchant à sa fin, la semaine s’amorce sous le signe de l’expectative, mais aussi des retombées politiques régionales de l’accord historique sur le nucléaire conclu entre l’Iran et le groupe des 5+1.

La question est de savoir si les clivages cristallisés par la dernière séance ministérielle, qui a donné lieu à un clash verbal mémorable entre le Premier ministre Tammam Salam et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, vont se maintenir ou si l’heure est désormais aux négociations pacifiques.

Pour le 8 Mars, si la hache de guerre n’est pas encore enterrée, elle est pour le moment laissée de côté au profit de négociations en vue de mettre sur les rails la séance ministérielle prévue jeudi prochain. « Nous tenons à négocier, mais nous restons ouverts à toutes les éventualités », a ainsi affirmé à L’Orient-Le Jour le député Alain Aoun, qui ajoute également que « la hache de guerre reste à portée de main au cas où… ». « Mais pour le moment, rien n’est vraiment clair, tout le monde est un peu dans l’expectative, et même si les tensions de la semaine passée ont quelque peu baissé d’un cran, il n’en demeure pas moins que la méfiance reste de mise », souligne-t-il.
 

De source informée, on estime que le premier pas vers la détente politique se fera par le biais de la signature du décret d’ouverture de la session parlementaire extraordinaire. « Samir Geagea, Walid Joumblatt et même Michel Aoun sont d’accord sur la nécessité de valider cette décision », précise la source. Une information confirmée par Alain Aoun qui relève que sa formation « apportera la couverture chrétienne nécessaire » pour l’ouverture de cette session. « Il s’agit en priorité d’adopter des lois concernant d’importants dossiers financiers », indique le ministre du Tourisme Michel Pharaon, comme cet important prêt de la Banque mondiale pour le barrage de Bisri qu’il devient extrêmement urgent de valider.

La session extraordinaire du Parlement est donc un point convergent à partir duquel les différents camps pourront peut-être avancer afin de parvenir à un compromis concernant l’épineuse question de l’ordre du jour du Conseil des ministres et du mécanisme de prise de décisions en son sein. Le débat actuel oppose les tenants de la proposition tendant à diviser l’ordre du jour en trois catégories – décisions nécessitant l’unanimité, décisions nécessitant la majorité des deux tiers et celles qui ne méritent que la majorité simple – et ceux qui s’attachent à la règle des 24 ministres et qui invoquent la Constitution pour fonder leur argumentation. « Le problème est que certaines parties demandent l’application du principe de l’unanimité, même pour la validation des décrets normaux, et pas uniquement pour passer les décrets-lois. Ce qui signifie imposer au Conseil des ministres une paralysie totale », relève Michel Pharaon.

Toujours en ce qui concerne le mode d’adoption des décisions en Conseil des ministres, une source informée maintient que le Premier ministre Salam continue de rejeter toute forme de blocage et tout mécanisme susceptible d’aboutir à une paralysie de l’exécutif, mais qu’il reste ouvert « à tout dialogue constructif ». C’est dans ce contexte que le ministre de l’Industrie Hussein Hajj Hassan a donné un signal fort pour la période à venir en affirmant hier que « le Hezbollah et la communauté de la résistance ne se laisseront pas entraîner vers une discorde (…) ni sunnito-chiite ni entre musulmans et chrétiens ».

L’un des dossiers épineux sur lequel les ministres devront urgemment plancher jeudi prochain sera sans conteste celui de la décharge de Naamé et du plan national de gestion des déchets ménagers, étant donné que les routes de la plus grande décharge du pays ont été fermées par les habitants de la région et alors que le nouveau plan nécessite au moins six mois pour être opérationnel.

Par ailleurs, les jours à venir seront décisifs pour Michel Aoun en ce sens que ce dernier veut peser de tout son poids et qu’il n’exclut pas d’avoir recours à la rue afin d’améliorer sa posture dans les négociations, surtout qu’il n’est pas très au fait des retombées politiques de l’accord iranien sur le nucléaire et qu’il craint d’être acculé à accepter un compromis qui viendrait à bout de ses ambitions présidentielles. La même incertitude semble également être de mise dans le camp du 14 Mars, Samir Geagea et Walid Joumblatt s’étant rendus à Djeddah pour discuter de la prochaine marche à suivre avec Saad Hariri.

Mais un élément est certain : le consensus sera au rendez-vous, même si à court terme certains remous viendront secouer la classe politique. Toute cette dynamique aura pour seul objectif d’améliorer les conditions de négociations des uns et des autres, mais au fur et à mesure que transparaît l’impact de l’accord sur le nucléaire iranien, tout semble indiquer que l’échéance présidentielle aboutira à l’élection d’un président de compromis.