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Quand l’Iran se réveillera…

 

 

 

Naïfs sont ceux qui croient que l’Iran réduira ses ambitions régionales après la signature de l’accord sur le nucléaire.

Avec le dénouement d’un dossier qui a empoisonné les relations internationales durant plus de douze ans, les perspectives d’un apaisement entre l’Iran et l’Occident vont aiguiser l’appétit des Iraniens à accroître encore plus leur influence politico-militaire au Moyen-Orient.

Les scénarios se multiplient et les spéculations vont bon train sur la politique extérieure de la République islamique d’Iran, une fois rassurée sur son programme nucléaire. Qu’il s’agisse du Liban, de l’Irak, de la Syrie, du Yémen ou du conflit arabo-persique en général, plusieurs commentateurs souhaitent que Téhéran lâche du lest concernant tous ces dossiers brûlants.

Le désespoir et la lassitude sont tellement forts chez certains acteurs régionaux qu’ils essaient de s’accrocher à un fil pour imaginer des issues favorables à leur cause. C’est notamment le cas des détracteurs du Hezbollah au Liban ou d’une partie de l’opposition syrienne qui espèrent voir l’Iran s’ingérer moins dans leurs affaires internes, ou en adoptant des positions plus conciliantes.

Aucun élément ne peut permettre aujourd’hui d’affirmer que cette puissance régionale va abandonner ces acquis, gagnés au fil des ans, en contrepartie de la conclusion de l’accord sur le nucléaire.

Malgré les sanctions économiques, l’embargo sur les armes, l’isolement sur les scènes régionale et internationale, Téhéran a réussi à tisser ces dernières années un réseau d’alliés pour imposer son hégémonie au Moyen-Orient, de l’Irak au Yémen, en passant par la Syrie, le Liban et même Gaza.

L’obstination et la ténacité du régime des mollahs dans le dossier du nucléaire ne peuvent que le conforter dans sa politique agressive, lui qui a réussi à se maintenir au pouvoir, à construire des centrales nucléaires, à moderniser ses missiles de longue portée, à soutenir politiquement, financièrement et militairement le Hezbollah, le Hamas, les houthis, Bachar el-Assad…

Ainsi, l’ambition affichée de l’Iran à peser sur la scène régionale n’a jamais été plus réelle. Et la levée, éventuellement, dans les années à venir, des sanctions et de l’embargo donnera un nouveau souffle à Téhéran et les moyens nécessaires pour réaliser ce rêve de puissance.

C’est précisément cette résilience et cette capacité à rebondir qui fait peur aux voisins arabo-sunnites de l’Iran qui observent abasourdis la République islamique avancer ses pions dans la région avec succès. Une crainte partagée par Israël qui se voit cerné par les alliés de l’Iran.

On a bien vu le Premier ministre israélien s’acharner sur l’accord conclu entre l’Iran et les P5+1 : il a ainsi dénoncé hier une « erreur historique ». L’État hébreu est obnubilé par la menace iranienne qui tisse sa toile dans tout le Proche-Orient, bien au-delà de la menace nucléaire. Un scénario catastrophe partagé aujourd’hui par les monarchies du Golfe : avec la conclusion de l’accord et la levée des sanctions, l’Iran pourrait devenir la nouvelle puissance dominante de la région sans besoin aucun de recourir à l’arme atomique.

Et les Iraniens disposent de plusieurs atouts pour reprendre leur place au sein du concert des nations. Avec une population dynamique, une classe moyenne éduquée, une jeunesse pleine de vitalité et avide de changement, un solide bagage technologique et de formidables ressources naturelles, ils peuvent aisément concurrencer, voire surpasser le monde arabo-sunnite.

Cependant, d’un autre côté, les sanctions internationales et l’embargo ont gravement touché l’économie du pays, avec une forte récession et inflation, un effondrement de la monnaie et un fort taux de chômage. Sans oublier le contexte géopolitique de l’Iran entouré de pays hostiles.

Une montée en puissance immédiate n’est probablement pas imminente. En tout état de cause, il n’y aurait pas un chamboulement extraordinaire dans la région. Du moins pas à court terme.

D’ailleurs, la nouvelle situation pourrait ne pas être négative pour la région. L’histoire contemporaine est riche d’exemples de courses à l’armement et à l’équilibre dans la dissuasion qui n’ont pas abouti au final à un clash apocalyptique (URSS/USA, Inde/Pakistan). Une neutralisation réciproque (entre Arabes et Iraniens) n’est pas à écarter, ce qui, au final, pourrait être avantageux pour Israël.