IMLebanon

Abats à abattre

 | 

 

Doucement et par petites touches, la capilotade se confirme et le gouvernement de Tonton Tamtam part en pièces détachées. Il y a eu d’abord l’épisode Achraf Rififi, dont le héros jadis hariro-compatible s’est émancipé et a envoyé valdinguer dans les platanes la liste parrainée par son ex-patron aux municipales de Tripoli. Barbichu en est tombé de l’armoire.

Depuis, le ministre sortant a inventé le concept de la démission intermittente, ce qui lui permet de faire de brusques apparitions dans sa ville natale, telle la Vénus de Botticelli sortant nue des eaux avant de disparaître aussitôt, engloutissant son chèque de retraité qu’il continue d’encaisser plein pot.

Deuxième épisode : les deux ministres Kataëb mis au chômage forcé sur un coup de gueule de Gemayel Fiston. Adieu micros, caméras, parades et mondanités… La précarité de l’emploi ne touche pas que les Libanais d’en bas.

Résultat, le ministère du Boulot est avalé par le ministre du Dedans et celui de l’Économie est tombé dans l’escarcelle de son collègue de l’Industrie, un crypto-barbu incollable sur tout ce qui touche à l’Empire perse : pas un bouton d’uniforme, pas un caleçon usagé de l’armée iranienne dont il ne reconnaisse immédiatement le régiment. Mais comme de toute façon il n’y a plus de boulot et que l’économie est en déconfiture, on ne peut pas dire que ces deux-là vont se tuer à la tâche. Une consolation toutefois, ils pourront facturer les heures sup.

Voilà pour le tableau. Le jeu des chaises musicales est pour le moment terminé, et les acteurs sont en place. Monologuant sans cesse, ils prennent des poses. L’attitude est leur seconde nature. Une vraie pépinière de talents, interminable bobine d’un navet qui se dévide à reculons.

Moralité de l’affaire : entre l’angoisse des banquiers, l’Internet illégal, la crise des déchets et le barrage de Janné, il n’y aura pas d’abattement sur le nombre de dossiers à traiter. En revanche, au vu de la mélasse politique, les Libanais ont toutes les raisons d’être abattus.