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Du Koweït, Salam, rassurant, appelle les pays du Golfe à laisser leurs ressortissants venir au Liban

Le Premier ministre Tammam Salam a effectué hier une brève visite officielle au Koweït, où il a tenu une série de rencontres avec de hauts responsables politiques et économiques, notamment avec son homologue koweïtien, Jaber Moubarak Ahmad al-Sabah – qui l’a retenu à déjeuner avec la délégation libanaise formée notamment des ministres Boutros Harb, Akram Chéhayeb, Ali Hassan Khalil et Rachid Derbas –, et avec le président de l’Assemblée nationale, Mourzek Ali al-Ghanem. L’occasion pour M. Salam de mettre en relief la coopération qui existe entre les deux pays.
Mais cette visite intervient au moment où le Koweït ainsi que les Émirats arabes unis viennent d’exhorter leurs ressortissants à ne pas se rendre en territoire libanais au lendemain de l’attentat de Dahr el-Baïdar. Le Premier ministre a d’ailleurs ouvertement appelé ces pays à revenir sur leur décision. Dans une conférence de presse en soirée, M. Salam s’est en effet voulu rassurant concernant la situation sécuritaire au Liban.
« Cela fait longtemps que la situation n’a pas été aussi stable dans toutes les villes et tous les recoins du Liban, du Nord au Sud. (…) Un incident comme celui qui s’est produit avant-hier n’est que passager. Nous en avons vu bien plus grave, et le Liban ne s’est pas arrêté de fonctionner », a affirmé le Premier ministre.
« Tout le monde sait qu’il existe une situation particulière au plan sécuritaire, avec le phénomène terroriste qui s’est répandu dans tous les coins de la région, qui frappe çà et là sans avertir et à différents niveaux. Ce qui nous touche au Liban frappe aussi d’autres que nous. Mais nous sommes, heureusement, immunisés. L’événement a peut-être même reçu une couverture médiatique amplifiée », a poursuivi M. Salam, qui a remercié l’armée libanaise et les forces de l’ordre pour leur rôle actif et préventif dans la mise en échec de cet attentat. « Le kamikaze avait un objectif, mais il n’a pu y parvenir grâce à la traque des agents de l’ordre », a-t-il dit.
« J’ai appris aujourd’hui que l’armée et les services de renseignements avaient pu démanteler un nouveau réseau qui préparait un mauvais coup pour le Liban. Nous avons désormais la capacité de découvrir les réseaux, les uns après les autres, au cours des derniers mois difficiles, et même avant la formation du cabinet d’intérêt national au sein duquel toutes les forces politiques sont représentées », a ajouté Tammam Salam.
« En toute objectivité et loin de toute surenchère, je peux vous dire que la situation est contenue et largement sous contrôle. Il n’y a pas de nouvelle série criminelle et rien ne se prépare », a-t-il dit, toujours au sujet de l’attentat de Dahr el-Baïdar.
« Je m’adresse à nos frères des pays du Golfe et des Émirats arabes unis. Ne soyez pas durs avec nous. Ce que nous subissons comme terrorisme et comme violence nous suffit. Nous voulons panser nos plaies. Vous êtes notre espoir de le faire. Revenez sur votre décision », a déclaré M. Salam en soirée, en allusion à ces mesures.
« Nous avons aujourd’hui au Liban un grand nombre de nos frères du Golfe, du Koweït et de l’Arabie saoudite, qui sont venus sans prendre de directives. Ils n’ont pas attendu qu’on les autorise à le faire. Ils ont anticipé », a ajouté le président du Conseil.
« (…) Il n’y a pas de souci sur le plan sécuritaire. Le souci est d’ordre politique. Tout État sans président et sans tête n’est pas complet. Nous sommes dans le cadre d’un régime démocratique. Il existe un espace important pour mettre en pratique cette démocratie. Mais il y a une Constitution, qui stipule qu’en cas de vacance présidentielle, le Conseil des ministres assume les responsabilités du président par intérim. C’est le cas actuellement. Il s’agit de notre responsabilité (…) », a souligné Tammam Salam.
« Il existe un conflit politique, et nous souhaitons qu’il en ressorte du positif, pas du négatif. Tout vide ou toute vacance à la présidence constitue une source de faiblesse. Il faut œuvrer pour combler cette vacance au plus vite », a-t-il ajouté, estimant que cela serait de nature à redynamiser les institutions et à relancer leur action.
Au cours de sa conférence de presse, M. Salam a notamment remercié la communauté internationale et les pays du Golfe pour leur aide au Liban sur le dossier des réfugiés syriens, appelant ces pays à accroître leur soutien. Il a également évoqué les répercussions négatives des conflits syrien et irakien sur le pays et la région, une raison supplémentaire pour consolider l’unité interne, a-t-il dit.