IMLebanon

Séances ouvertes du Conseil des ministres à partir de lundi, à Baabda

 

Fady NOUN 

La loi électorale en vedette, la corruption dans le second rôle, le président de la Chambre et le chef du gouvernement dans les fauteuils du metteur en scène et du producteur, c’est à un véritable cinéma que la presse et le public ont eu droit, hier, lors du débat de politique générale. Et l’histoire était si bien connue qu’on pouvait ouvrir le poste à n’importe quel moment de la longue journée, sans en perdre le fil, le même depuis des mois, des années, de décennies : des milliards engloutis en expédients plutôt qu’investis dans la construction de centrales électriques, des millions flambés sous forme de commissions consenties par les entrepreneurs à la classe politique, des évasions fiscales, des manques à gagner, des produits en contrebande, d’énormes bénéfices intouchables, etc.
Même si l’acteur de second rôle a ravi la vedette à l’acteur principal, c’est ce dernier qui, quand même, continue de hanter les esprits. À dix jours de la date à partir de laquelle devaient être organisées les élections législatives, selon l’article 42 de la Constitution (60 jours avant l’expiration du mandat de la Chambre, le 20 juin à 24 heures), et un mois et demi environ avant la date de la fin de la session ordinaire de la Chambre (31 mai), aucune nouvelle loi électorale n’a encore obtenu l’accord de tous.
Ceux qui ont pu suivre les débats d’hier auront appris que la proportionnelle intégrale reste d’actualité, que soumettre une nouvelle loi électorale au vote de l’Assemblée ou du gouvernement est une « ligne rouge » et que la loi de 1960 n’est pas enterrée pour certains. Les apartés nombreux du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée qui ont marqué le débat laissent deviner qu’il y a eu là matière à coordination et, sans doute, à apaisement des esprits et à assurances.
On attend le retour incessant de Gebran Bassil de sa tournée australienne et néo-zélandaise, pour débattre de sa proposition de loi mixte, à laquelle les Forces libanaises, par la voix de Samir Geagea, ont adhéré. Pour M. Geagea, ce projet est acceptable, dans la mesure où il assure l’élection de 57 à 58 députés chrétiens (sur 64) par des majorités numériques chrétiennes. Par contre, pour le chef des FL, il n’est pas question d’aller dans le sens du Hezbollah, la proportionnelle intégrale sur une circonscription unique étant, à ses yeux, « une démocratie du nombre déguisée ».
Qu’est-ce qui va suivre ce débat parlementaire fourmillant de scandales, de défis mais d’idées aussi ? Ce qui est certain, c’est que le Conseil des ministres siégera à séances ouvertes, sans désemparer, à partir de lundi prochain, à Baabda, à la recherche de la formule électorale susceptible de rassurer tous les esprits.
L’idée même qu’une loi électorale puisse être approuvée par vote a fait gronder le PSP. Pour le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, par contre, les dispositions de l’article 65 de la Constitution sont claires, s’il n’est pas possible de parvenir à une entente, on passe au vote, à la majorité des deux tiers des membres du Conseil des ministres. Des deux options, certes, la préférence va à l’entente, mais si celle-ci n’est pas possible…
Pour sa part, Salim Jreissati croit dans le charisme du président Michel Aoun et assure que « les conditions de l’entente seront réunies par la seule présence de ce dernier au Conseil des ministres ». Qui vivra verra.