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Hydrocarbures offshore : l’attribution des licences au menu du Conseil des ministers

Philippe HAGE BOUTROS

Le Conseil des ministres doit tenir aujourd’hui au palais présidentiel de Baabda sa première réunion depuis la confirmation le 5 décembre du retrait de la démission du Premier ministre, Saad Hariri, annoncée un mois plus tôt à Riyad, dans des circonstances qui ont fait débat.
Une réunion qui s’annonce chargée avec un ordre du jour contenant 145 articles que L’Orient-Le Jour a consultés, dont certains reportés depuis octobre – la dernière réunion du Conseil des ministres remonte au 2 novembre (outre celle du 5 décembre). Parmi les dossiers que ce dernier doit examiner figure notamment celui des hydrocarbures offshore (article n° 46), inscrit à la demande du ministre de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil, et qui pourrait ainsi marquer une avancée décisive.

Ligne ferroviaire
Le gouvernement doit en effet se prononcer sur les deux offres du consortium formé par le géant français Total, l’italien ENI et le russe Novatek, le seul candidat à la première phase d’attribution des licences d’exploration et de production des hydrocarbures offshore. Les deux offres portent respectivement sur le bloc 4 (au centre) et le bloc 9 (au sud) de la zone économique exclusive (ZEE) du pays. Soumises le 12 octobre à l’Autorité de l’énergie (LPA), ces offres ont ensuite été au centre d’un cycle de négociations entre le ministère et le consortium qui s’est achevé le 30 novembre. « Le ministère a déjà transmis à la présidence du Conseil des ministres le rapport contenant les évaluations des offres et les recommandations de la LPA », a indiqué à L’Orient-Le Jour une source proche du dossier. Le gouvernement pourrait ainsi charger dès aujourd’hui M. Abi Khalil de conclure les contrats d’exploration et de production avec le consortium. Lors d’un débat organisé hier à Beyrouth par le groupe de réflexion Carnegie Middle East Center (voir page 2), le Premier ministre a affirmé que le consortium avait formulé une « bonne offre » et que « le gouvernement allait être en mesure de signer ces contrats après cinq années (de blocage pour des raisons politiques, NDLR). »
Parmi les autres dossiers à enjeux sur le plan économique et devant être débattus aujourd’hui figure également le projet de ligne ferroviaire de 35 km reliant Tripoli à Abboudiyé, à la frontière syrienne (article n° 41). Le Conseil des ministres avait donné le 20 juin 2016 son feu vert à ce projet, débloquant au passage 20 millions de dollars sur l’enveloppe de 80 millions déterminée par le Conseil du Développement et de la Reconstruction (CDR). Mais les travaux, dont le lancement était initialement programmé au début de l’année, avaient été retardés avant d’être suspendus sine die. En novembre, le président du CDR, Nabil Jisr, avait notamment évoqué auprès des L’Orient-Le Jour des difficultés liées au financement du projet. Il reste que l’ordre du jour mentionne simplement une « proposition » du CDR concernant ce dossier, sans plus de détails. M. Jisr n’était pas joignable pour répondre aux questions de L’Orient-Le Jour.Enfin, certains gros dossiers toujours en attente ne seront a priori pas discutés aujourd’hui, en commençant par celui de la location de deux navires navire-centrales de 400 mégawatts chacun pour compenser temporairement le déficit de production d’Électricité du Liban (EDL). Ce projet, approuvé par le Conseil des ministres fin mars, a fait l’objet d’un appel d’offres lancé en avril – amendé en cours de route. Mais cette procédure est restée sans issue après de nombreux allers-retours entre le gouvernement et la direction des adjudications, qui l’a jugée non conforme. Fin novembre, le Conseil d’État a en outre accepté le recours déposé par l’un des candidats en lice pour remporter ce marché public – la société libanaise Middle East Power (MEP) – qui réclame la suspension de la procédure. De fait, cet appel d’offres a été dénoncé par certains observateurs comme un marché de gré à gré déguisé en faveur de l’opérateur turc Karadeniz, à qui l’État loue déjà deux barges depuis 2013 et jusqu’à l’année prochaine. Des soupçons qui ont poussé Orhan Remzi Karadeniz, le PDG de la holding turque, à se défendre publiquement en septembre.
Le gouvernement ne devrait pas non plus aborder la question du projet de loi de finances de 2018, alors que le ministre des Finances a affirmé vendredi dernier avoir « finalisé l’avant-projet de budget dans les temps ». Contacté par L’Orient-Le Jour, le service de presse du ministère n’a pas été en mesure de préciser si le document avait été déjà transmis à la présidence du Conseil des ministres. Selon la Constitution, le projet de budget finalisé par le gouvernement doit être approuvé par le Parlement avant la fin de l’année, selon la procédure normale en cours – fin janvier faute d’accord avant cette échéance. Il reste que le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a déclaré hier au quotidien al-Joumhouriya que le gouvernement allait commencer l’examen de l’avant-projet de budget « avant la fin de l’année » et qu’il avait bon espoir de pouvoir le transmettre au Parlement début 2018 au plus tard.