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Chucri affirme la volonté de l’Égypte de débloquer la crise

La vacance présidentielle et la volonté de l’Égypte de contribuer à y mettre fin ont été hier au centre des entretiens du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chucri, à Beyrouth.
Arrivé en matinée, M. Chucri s’est entretenu successivement avec le Premier ministre, Tammam Salam, le président du Parlement, Nabih Berry, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et le mufti de la République, Abdellatif Deriane.
Sans être porteur d’une initiative précise, le ministre, accompagné de l’ambassadeur d’Égypte, Mohammad Badreddine Zayed, a exprimé à chacun de ses interlocuteurs l’attachement du Caire à vouloir jouer un rôle dans le rapprochement entre toutes les composantes libanaises en vue de débloquer l’échéance présidentielle.
À l’issue de son entretien avec M. Salam, il a mis l’accent sur « la nécessité d’œuvrer au respect des échéances politiques », affirmant que son pays « s’active pour favoriser ses relations avec toutes les composantes politiques libanaises et assurer une plate-forme d’entente, seul moyen de sortir de la crise ».
M. Chucri s’est ensuite rendu à Aïn el-Tiné où il a réaffirmé devant M. Berry la volonté de son pays d’ « aider toutes les parties libanaises pour parvenir à un arrangement », soulignant que tout rôle joué par l’Égypte dans le cadre de la présidentielle « se fera en coopération avec toutes les composantes politiques actives ».
Au palais Bustros, MM. Bassil et Chucri ont tenu une conférence de presse conjointe. À cette occasion, le chef de la diplomatie égyptienne a affirmé une nouvelle fois que son pays « ne veut épargner aucun effort pour aider à réaliser l’entente entre les parties libanaises », insistant sur l’importance « de bâtir un État central apte, à travers toutes ses institutions, à faire face au climat déstabilisateur qui sévit dans la région ». M. Chucri a, dans ce cadre, exprimé « l’inquiétude de l’Égypte à l’égard de la crise présidentielle », soulignant que « cette échéance est liée à la stabilité du Liban ».
En réponse aux questions posées par les journalistes, le ministre égyptien a souligné que son pays joue dans ce dossier un rôle « facilitateur », dont le succès dépend de « la volonté des protagonistes ». À la question de savoir s’il appuie un candidat quelconque, M. Chucri a déclaré que l’Égypte « ne veut pas interférer à ce niveau et n’a de préférence pour aucun candidat ».
Prenant la parole, M. Bassil a pour sa part affirmé que « le pouvoir légal issu de la force populaire est le passage obligé pour sortir le Liban de sa crise ». Saluant la démarche égyptienne, il a affirmé que « le Liban a un intérêt et un besoin stratégiques que l’Égypte restaure son rôle pionnier au Moyen-Orient », estimant que ce rôle « est nécessaire pour la lutte contre le terrorisme » dans la région.
Avant de clôturer sa visite aujourd’hui, M. Chucri a réuni les principaux pôles chrétiens et responsables politiques autour d’un dîner de travail au siège de l’ambassade. Étaient notamment présents les anciens présidents Michel Sleiman et Amine Gemayel, les chefs des blocs parlementaires du Futur, Fouad Siniora, et du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, les ministres de la Culture, Rony Arayji, représentant le chef des Marada, Sleiman Frangié (en voyage), des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et des Finances, Ali Hassan Khalil, représentant M. Berry. Aucun responsable du Hezbollah n’était en revanche présent au dîner au cours duquel la conversation a porté sur la présidentielle et sur le rôle que l’Égypte souhaite assumer en vue d’un déblocage.
Le chef du PSP, Walid Joumblatt, n’y était pas non plus. Selon les informations obtenues, cette absence serait due à une tiédeur au niveau des relations entre Clemenceau et Le Caire, depuis que le festival de Beiteddine a accueilli l’humoriste Bassem Youssef, très critique à l’égard du régime égyptien. Celui-ci avait d’ailleurs prié, sans succès, M. Joumblatt de ne pas donner une tribune à l’humoriste égyptien.
De sources informées, on apprend que Michel Aoun aurait été catégorique sur le fait que le blocage se poursuivra tant qu’il n’est pas élu à la tête de l’État, ce à quoi Amine Gemayel aurait répondu : « Soit nous suivons une logique constitutionnelle, soit nous appliquons celle de la révolution. » À son tour, M. Arayji a expliqué que le concept de la majorité ne s’applique qu’à la présidence du Conseil, en allusion aux consultations contraignantes engagées par le président pour la nomination d’un chef du gouvernement, et non pas à la présidence de la République. Celle-ci est le fruit d’un consensus national, a-t-il dit.
De mêmes sources, on a indiqué que l’Égypte ne propose pas d’initiative, mais souhaite aider les Libanais à trouver une issue à la crise et prémunir le pays contre les dangers découlant du conflit régional.
Selon un communiqué de l’ambassade, M. Chucri s’est félicité du dialogue national engagé et a assuré ses hôtes que son pays poursuivra ses consultations au sujet du Liban.