IMLebanon

Médiacratie

Billet

 

Il en a fallu des drames, de « Charlie Hebdo » à l’église Saint-Étienne-du-Rouvray, en passant par ceux de l’Hypercasher, du Bataclan et de Nice pour que certains médias français consentent à clairement identifier et pointer du doigt l’islamisme radical.

Après chaque attentat, l’ordinaire, c’était plutôt : « Un jeune, originaire de Montbéliard, a effectué une présumée prise d’otages », « Un présumé terroriste de Saint-Dié-les-bains, dans les Vosges, a attaqué à la machette présumée un passant »… Pas touche à la présomption d’innocence ! Sauf qu’on oublie que ces gens ont pris les armes contre la France, tué des Français… et que contrairement au barbu présumé, les victimes, elles, sont bien réelles.

Évidemment, on a droit à chaque fois au reportage sirupeux auprès de la famille de l’assassin, « en état de choc », qui ne comprend pas pourquoi leur fils a disjoncté. Certes, il a tutoyé la petite délinquance, vendu de la drogue, brûlé une ou deux autos, poussé une fois une vieille dame dans les escaliers… Rien que de très ordinaire en somme, faut bien que jeunesse se passe. Mais surtout, insiste le clip-scoop, « il était doux, gentil, disait bonjour et merci madame, se lavait les mains avant de passer à table et ne parlait jamais la bouche pleine ». Vite, une assistance psychologique pour ces parents victimes de l’exclusion.

Puis suivent les images interminables de la farandole des bougies et des fleurs, les larmes des ayatollahs du pas-d’amalgame, les éternels couplets sur la solidarité, la compassion, le bénévolat, l’État de droit… Mais quand l’État se gargarise d’émotion médiatisée, où est le droit ? Terrible vacuité de cet ogre alourdi de fonctionnaires, suffisamment fort pour empêcher les populations de se défendre, mais trop faible pour les protéger.

Tant et si bien que le vivre-ensemble bassiné à longueur d’antennes n’est plus qu’une caricature, notamment sur les réseaux sociaux, toujours prompts à s’enflammer autour de slogans idiots et accessoires : je suis Charlie, je suis Bataclan, je suis Hypercasher, je suis kippa, je suis Nice, je suis migrant…

Et je suis français, c’est pour quand ?