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Saad Hariri de retour au Liban 

Plus de deux semaines après l’annonce de sa démission depuis l’Arabie saoudite qui a été accusée de l’avoir retenu en “otage”, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, est arrivé mardi soir à Beyrouth à bord de son avion privé, après une visite en Egypte et une brève escale à Chypre.

M. Hariri devrait se rendre mercredi au palais de Baabda afin de s’entretenir avec le président Michel Aoun et éventuellement lui remettre officiellement sa démission. Le chef de l’Etat a, depuis le début de la crise, refusé de se prononcer sur cette démission avant le retour de M. Hariri au Liban. C’est depuis le palais de l’Elysée à Paris, où il est resté trois jours à l’invitation du président français Emmanuel Macron, que le Premier ministre avait annoncé, samedi, qu’il reviendrait au Liban pour la fête de l’Indépendance du 22 novembre et qu’il préciserait, à ce moment-là et après un entretien avec M. Aoun, ses intentions.

Aussitôt après son arrivée à Beyrouth, M. Hariri s’est recueilli sur la tombe de son père, Rafic Hariri, dans le centre-ville de Beyrouth. “Merci aux Libanais”, s’est-il contenté de dire avant de se rendre à la Maison du Centre, sa résidence privée. Parallèlement, dans la capitale libanaise, des partisans du Premier ministre sont descendus dans la rue, notamment dans le quartier à majorité sunnite de Tariq el-Jdidé, en klaxonnant et en agitant des drapeaux aux couleurs du Courant du Futur.

 

Mardi, avant son retour à Beyrouth, M. Hariri avait été reçu par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, au Caire. S’adressant très brièvement aux journalistes à l’issue de la réunion, M. Hariri a insisté sur la nécessité pour le Liban de se distancier des conflits régionaux. Le Premier ministre démissionnaire a par la suite fait une escale à Larnaca où il s’est entretenu avec le président chypriote Nicos Anastasiades avant d’arriver à Beyrouth vers 23h30 (heure locale).

 

Des partisans de Saad Hariri célébrant son retour dans le quartier sunnite de Tariq el-Jdidé, à Beyrouth. Photo an-Nahar

 

La crise a débuté le 4 novembre dernier avec l’annonce surprise, depuis Riyad, par Saad Hariri, de sa démission. Alors qu’aucune date pour un retour de M. Hariri au Liban n’était avancée, suscitant d’intenses rumeurs sur la liberté de mouvement du Premier ministre, la classe politique libanaise avait rapidement, et de manière unanime, appelé M. Hariri à rentrer à Beyrouth.

Mercredi dernier, M. Aoun avait durci le ton en accusant l’Arabie saoudite de détenir M. Hariri, qualifiant cette détention d'”acte d’agression” contre le Liban. Des accusations rejetées par l’Arabie saoudite et démenties à plusieurs reprises par M. Hariri lui-même. La France, ancienne puissance mandataire du Liban, a alors endossé le rôle de médiateur dans la crise. Et c’est pour sortir de l’impasse, que le président Macron a invité à Paris M. Hariri et sa famille “pour quelques jours”, affirmant néanmoins qu’il ne s’agissait “en aucun cas d’un exil politique”.

 

(Lire aussi : Aoun à la veille de l’Indépendance : Le Liban n’est pas un pays ouvert à tous les vents)

 

En annonçant sa démission, Saad Hariri avait accusé le Hezbollah et l’Iran de “mainmise” sur le Liban, disant craindre pour sa vie. Téhéran a rejeté des “accusations sans fondement”. Dimanche 12 novembre, alors qu’il s’exprimait pour la première fois depuis l’annonce de sa démission dans le cadre d’une interview accordée à Future TV, dont il est propriétaire, il avait néanmoins évoqué la possibilité de revenir sur sa démission, à condition que le Hezbollah cesse d’intervenir dans les conflits régionaux. Il avait mentionné le Yémen, où les forces saoudiennes luttent depuis mars 2015 contre les rebelles chiites houthis, soutenus par Téhéran, et la Syrie où le Hezbollah combat aux côtés des forces de Bachar el-Assad.

La démission de Saad Hariri intervient en effet dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre les deux poids lourds de la région, l’Arabie saoudite sunnite, qui soutient M. Hariri, et l’Iran chiite, grand allié du Hezbollah. Les deux puissances régionales sont farouchement opposées sur des questions comme la Syrie, le Yémen et le Liban, où elles soutiennent des camps adverses.