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Urne fois encore

Tous les États du monde organisent des élections. Chez nous, on fait semblant de fabriquer des lois électorales. Un procédé sympa et pour le moins original, puisqu’on fait mine de vouloir changer la règle du jeu en bidouillant un texte en forme d’usine à gaz, qui servira de prétexte à garder la loi de 1960. La seule différence cette fois, c’est que la tambouille très peu ragoûtante qu’on cuisine ne se fait pas la veille du scrutin, comme c’était devenu la tradition. Au final, les Libanais finiront par avaler ce qu’on leur servira. En fait avaliser serait plus élégant, puisqu’ils auront le choix entre l’avalise ou la valise.

En principe, la logique veut que le député élu soit à portée de baffe de ses électeurs, pour le cas où il lui viendrait à l’idée de les cocufier. Ben non, Istiz Nabeuh n’a qu’un rêve : empaqueter la population dans une circonscription unique, englobant la Békaa, le Liban-Sud, et si possible l’Irak et l’Iran. Fini les bulldozers et autres autobus. C’est en avion charter que le tenancier du Parlement veut amener ses coreligionnaires jusqu’à l’hémicycle…

En revanche, le châtelain de Moukhtara, le Tondu de Meerab et la totalité de la Futur Academy penchent pour le scrutin majoritaire dans la plus petite circonscription possible. Jusqu’au plus petit caillou du dernier village. Ainsi, on voterait toujours pour un ahuri, mais ce serait un ahuri de proximité.

Un temps, on avait cru qu’on couperait la poire en deux en associant proportionnelle et majoritaire. Ballepeau ! On reparle maintenant de revenir à la 1960 qu’on retouchera d’un poil de touffe, avant d’amener la piétaille devant les urnes.

Et pour couronner le tout, voilà Wi’am Wahhab qui débarque ! Ce pur produit de la nurserie Assad, dont on a oublié qu’il fut un temps ministre de l’Environnement, n’arrive toujours pas à digérer qu’il n’est plus aux affaires. Alors, il rue dans les brancards à coups de tweets rageurs, vexé d’avoir été largué pendant que ses rivaux sont sans cesse câlinés. Sa grande force à Wi’am, c’est son culot. Il passe son temps à s’essuyer les pieds sur les autres, puis quand il se prend une mandale dans les grandes largeurs, il nous joue la rosière à l’orgueil blessé. Ce qui, au final, lui confère le profil du mari trompé dans une pièce de boulevard. « Y en a que pour Joumblatt, moi personne ne me parle », bêlait-il sur le réseau social.

Cocu, mais lucide !