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La mise en demeure de Aoun, une incitation plus qu’une menace

Fady NOUN 

Après une République sans président, aurons-nous droit à une République sans Parlement ? C’est l’aventure constitutionnelle que semble proposer le président Michel Aoun, en offrant à la classe politique le choix entre une nouvelle loi électorale ou le vide. Une aventure dont l’autre titre serait : « Que fait-on d’une loi électorale dont (presque) plus personne ne veut et que personne ne remplace ? »
En fait, soulignent les milieux politiques cités par notre correspondante Hoda Chédid, la mise en demeure adressée par le chef de l’État aux mouvements et partis politiques est plus une « incitation » qu’une menace pouvant déboucher sur une grave crise constitutionnelle.
C’est d’ailleurs ainsi que les parties concernées l’ont pris, sachant que l’exaspération de Michel Aoun se comprend, puisque le Parlement cherche en vain, depuis huit ans, à élaborer une nouvelle loi électorale.
Mercredi soir, une séance nocturne quadripartite (CPL-Hezbollah-Amal-Futur) avait été consacrée à la fiévreuse recherche de la formule électorale magique. Elle reprendra aujourd’hui à 15 heures dans un lieu tenu secret, loin des caméras et des curieux, mais toujours sans le PSP, hostile à la proportionnelle.
Hier, une réunion s’est discrètement tenue en marge de la session parlementaire, en présence du président de la Chambre et du Premier ministre, pour faire le point sur la séance nocturne de la veille. La réunion a regroupé Ali Hassan Khalil, Ali Fayad et Mohammad Fneich. Il en est ressorti que le CPL, le Hezbollah et le Futur campent toujours sur leurs positions respectives. Mais alors que les Forces libanaises affichent leur optimisme, Marwan Hamadé, depuis Meerab, s’est dit attaché à un dialogue « ouvert, inconditionnel ».
Selon notre correspondante, la formule la plus susceptible d’être agréée par tous est celle d’un scrutin en deux temps, un premier tour de qualification au niveau des cazas, et un second tour d’élection au niveau des mohafazats traditionnels (Nord, Békaa, Beyrouth, Sud, Mont-Liban), à charge pour le mohafazat du Mont-Liban d’être divisé en deux et que le Chouf et Aley en soient détachés pour former un sous-mohafazat, afin d’apaiser les appréhensions de Walid Joumblatt.
Ce que la mise en demeure du général Aoun a donc fait, jusqu’à présent, c’est inciter tous les partis et courants politiques à redoubler d’efforts à la recherche d’une loi agréée par tous, sachant qu’on est désormais engagé dans une course contre la montre dont la date-butoir est le 21 février, délai ultime pour la convocation du corps électoral (90 jours avant la date du scrutin) selon la loi en vigueur.